«La vie m’a montré que j’ai toujours eu bien fait de faire. Les opportunités qui se sont présentées sur mon chemin m’ont en effet toujours tellement apporté ! Du coup, je suis toujours dans le ‘‘et pourquoi pas ?’’» A 66 ans, Michèle Bruttin continue d’aller de l’avant. C’est dans ce même état d’esprit que la jeune retraitée du Mont-sur-Lausanne a postulé au Comité de l’Entraide familiale vaudoise. C’était après avoir lu une annonce dans ce sens dans notre journal, auquel elle est une abonnée de longue date, qu’elle s’est dit une nouvelle fois : « et pourquoi pas ? ». Après un sympathique entretien avec notre secrétaire générale et directrice Janick Chatelain, Michèle Bruttin et sa longue expérience dans le bénévolat ont emporté le morceau. Lors de notre assemblée générale du 27 novembre dernier (lire le compte-rendu en page x), elle a ainsi été élue à l’unanimité et sous les applaudissements au Comité de notre association.

Une enfance montagnarde

La Vaudoise est née à Lausanne en 1955. Elle a passé pratiquement toute son enfance à Renens, avec son frère Jean-Yves, où elle y a suivi sa scolarité. Ses parents, devenus des passionnés de montagne, l’emmenaient souvent crapahuter à pied ou à peau de phoques. « J’en ai gardé de bons mollets de vieux suisses, s’amuse-t-elle, et aussi de beaux souvenirs de cabanes. » Après une scolarité obligatoire qui ne l’enchante guère, elle se lance dans un apprentissage d’employée de commerce. A 17 ans, elle vole déjà de ses propres ailes et travaille comme secrétaire.

Deux enfants et des projets

A 26 ans, elle rencontre son futur mari. Le couple aura deux enfants, aujourd’hui âgés de 32 et 34 ans. La jeune mère rêvait d’en avoir un troisième. « Je n’ai pas eu cette chance mais l’opportunité de devenir maman de jour s’est présentée dans la foulée comme pour venir combler ce manque… » Michèle Bruttin se dit alors : « et pourquoi pas ? » Les sept ans de bonheur qui suivront lui donneront raison. « J’ai eu jusqu’à 12 enfants sous ma garde, certains le matin avant l’école, d’autres à midi, d’autres pour les 4h, etc. Ils m’ont attendrie et enthousiasmée. Ce fut une période extraordinaire qui a donné naissance à quantité de situations de débrouillardises où j’ai pu mesurer la puissance de l’entraide entre mamans et entre voisins. » C’est donc ainsi que tout naturellement elle a fait partie du comité de l’Association pour la création d’une garderie au Mont-sur-Lausanne pour en devenir par la suite la présidente pendant près de 8 ans. Ce projet n’a malheureusement pas abouti à l’époque.

La Vaudoise possède un CV fourni. Elle a tour à tour travaillé chez un éditeur, un graphiste, à l’Etat de Vaud, une société de déménagements et transports ou encore à l’établissement primaire et secondaire CF Ramuz à Entre-Bois à Lausanne. Cette dernière expérience, pendant plus de 17 années avec des jeunes issus de divers milieux et souvent étrangers, l’a marquée. « Les côtoyer m’a permis de cultiver le respect du droit à la différence. J’ai souvent eu à donner de ma personne en jouant le rôle de tampon entre ces élèves parfois difficiles et leurs professeurs . » En parallèle, elle a officié en qualité de formatrice d’apprentis de commerce sous la houlette de la ville de Lausanne, puis comme experte aux examens. Elle a également dispensé des cours aux apprentis de commerce au CEP à Lausanne.

A la fin des années 80 : et pourquoi pas ?...elle a démarré son bénévolat pour défendre la cause des malentendants et devenus sourds en étant secrétaire pour l’Amicale des sourds et malentendants de Lausanne et environs. Déléguée pour son Amicale lors des assemblées des délégués, c’est tout naturellement qu’elle s’est investie comme vice-présidente au niveau du Comité directeur puis du Bureau de la SRLS, devenue en 2000 forom écoute, la fondation romande des malentendants. Elle a terminé son bénévolat de présidente au début de 2017 pour être engagée comme responsable à la direction de la fondation jusqu’en février 2021. Ses expériences constitueront de beaux atouts dans le cadre de son nouveau rôle à l’EFV.

En colocation avec sa maman

Aujourd’hui, Michèle Bruttin bichonne et s’occupe très régulièrement des quatre petits-enfants que lui a donnés sa fille. Depuis avril, sa maman de 92 ans qui est en pleine forme vit en colocation avec elle. Elles ont, entre autres, la même passion des grands puzzles.

Le bénévolat la motive toujours autant. « En en faisant, je ne cherchais rien d’autre que de lutter contre les injustices et de ne pas toujours justifier la nécessité du besoin pour agir, mais j’ai toujours récolté bien plus que ce que j’avais donné », constate-t-elle ravie. De quoi lui donner des envies de continuer à se dire encore souvent : « et pourquoi pas ? »…

Laurent Grabet, Rédacteur en chef du jef
Article paru dans le jef d'octobre 2021